Rencontre avec nos chercheurs : Simon Duchesne, Université Laval
Dr Simon Duchesne, professeur associé au département de radiologie de l’Université Laval, explique ses recherches portant sur l’établissement d’un diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer grâce à l’IRM.
En tant qu’ingénieur biomédical, je n’ai pas l’expérience typique d’une personne menant des recherches sur la maladie d’Alzheimer et les autres maladies cognitives. En fait, si vous m’aviez dit il y a 18 ans que ces maladies deviendraient mon domaine de recherche principal, j’aurais été surpris. Je m’intéressais alors plus au diagnostic radiologique, c’est-à-dire le domaine de la médecine qui utilise l’imagerie diagnostique pour établir un diagnostic — pour planifier une opération chirurgicale visant à soigner l’épilepsie.
Mon parcours m’a finalement mené à l’Institut neurologique de Montréal en 1999, où je travaillais sur ma thèse de doctorat sur l’épilepsie. Cependant, puisque de nombreux chercheurs travaillent à l’Institut, un ami m’a suggéré d’utiliser les mêmes techniques que celles employées dans le cas d’une opération chirurgicale visant à soigner l’épilepsie et de me pencher à la place sur une série de données concernant la maladie d’Alzheimer. À l’époque je n’avais pas idée de l’importance du problème.
En les examinant, j’ai compris que je pourrais être en mesure de répondre à un problème répandu chez les personnes atteintes de la maladie : le diagnostic précoce.
Vous voyez… l’un des examens que j’utilise en tant que radiologue est l’IRM (imagerie par résonance magnétique) : un appareil médical qui utilise les ondes radio pour prendre des clichés détaillés de l’intérieur du corps d’une manière non invasive et indolore. L’IRM est une partie vitale du diagnostic qui permet aux médecins de diagnostiquer correctement les blessures et les maladies. Cela peut également s’appliquer directement au cerveau, car l’IRM peut prendre des clichés détaillés de ses différentes structures.
En appliquant mon expérience dans ce domaine et avec l’IRM, je pourrais peut-être trouver un moyen de détecter la maladie d’Alzheimer un, cinq voire dix ans plus tôt que le diagnostic clinique, qui est rendu, franchement, lorsque les gens ne sont plus autonomes et ont perdu beaucoup de leurs facultés cognitives. C’est ainsi que je suis devenu un chercheur dans le domaine de la maladie d’Alzheimer et que je me suis concentré sur l’établissement d’un diagnostic précoce de la maladie grâce à l’IRM et les scanographies du cerveau.
Douze ans plus tard, je suis à la tête de mon propre laboratoire, situé au Centre de recherche CERVO de l’Institut universitaire en santé mentale du Québec. Je poursuis mes recherches dans le domaine du dépistage précoce et le diagnostic. Mes recherches consistent à prendre des mesures : obtenir les images du cerveau de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer grâce à l’IRM, les comparer à celles de personnes non atteintes et identifier les différences qui pourraient indiquer des symptômes avant-coureurs.
J’essaie d’inclure d’autres techniques dans mes modèles de prédiction de l’apparition de la maladie d’Alzheimer pour pouvoir la prévoir encore plus tôt : l’objectif que j’ai fixé à mon équipe est de pouvoir prédire la maladie non pas cinq, ni dix, mais 25 ans avant qu’elle ne survienne. C’est un objectif bien égoïste! La raison est qu’en 2022, j’aurai 50 ans et je souhaite savoir ce qui va m’arriver! Bien sûr, je prévois que la plupart des gens puissent tirer profit de cette technique. C’est pourquoi, avec mes collègues de l’Université McGill,nous avons décidé d’introduire ces technologies sur le marché et toucher des personnes hors de l’univers universitaire et du monde clinique.
De manière générale, j’ai confiance en l’avenir de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Tandis que je me penche sur un aspect du vieillissement du cerveau, d’autres personnes se penchent sur d’autres aspects, comme l’inflammation, la réponse vasculaire et, bien sûr, l’amyloïde et les protéines tau qui sont liées à l’origine de la maladie d’Alzheimer. Si l’on pouvait prédire l’apparition de la maladie 25 ans en avance, alors toutes ces interventions pharmacologies et non pharmacologiques auraient le temps de ralentir, ou réduire la vitesse de la maladie. Cela a de bonnes chances de fonctionner sur le long terme.
Avec toutes ces recherches en cours, tous les résultats seront finalement regroupés de manière à ce que tout le monde comprenne ce qui se passe dans le cerveau quand il est touché par la maladie. Nous découvrirons alors non seulement plus d’opportunités thérapeutiques, mais également un remède contre la maladie d’Alzheimer.
Il y a encore beaucoup de choses à faire et nous vous sommes reconnaissants de votre soutien continu.
Le Dr Duchesne est aussi le président du comité d’examen par les pairs biomédicaux du Programme de recherche de la Société Alzheimer.